Come back

Le 20 juin, cela aurait fait 2ans. 2ans de vide sur la toile.

Mais mes carnets se sont remplis de souvenirs, de phrases en vrac, de photos. Ma vie s'est remplie. J'ai les doigts qui fourmillent sur le clavier, et j'ai envie de revenir figer mes mots, mes souvenirs, mes jolies choses.

D'abord, il y a deux ans, je venais de trouver un nouveau travail, j'entrais dans une nouvelle équipe déjà formée, et j'avais drôlement mal au ventre. Ce travail est fabuleux, mon équipe est géniale, j'ai eu ma place à l'instant où je suis arrivée. Ma binôme et moi, on est faites pour être ensemble, on travaille comme une évidence. C'est à 2 minutes 30 secondes en voiture de mon domicile (mais je ne peux pas y aller à vélo, c'est la seule déception). Je rentre chez moi tous les midis, je mange avec mes collègues aussi.

Je cuisine, beaucoup. Je lis, énormément. J'avais peur de travailler si près de chez moi, de croiser les familles trop souvent, de ne pas m'accorder de temps pour lire (ce que je faisais dans les 3h/jours de transports en commun), de ne pas m'accorder de temps mort en rentrant, de m'occuper de tout. J'avais peur de changer de vie et en même temps peur de m'enliser en région parisienne.

L'année dernière, en mai, j'ai postulé à Toulouse, c'était un peu un rêve, et ça s'est superbement déroulé. J'avais des ailes dans le dos, je suis tombée amoureuse de cette ville, je voulais qu'elle soit faite pour nous. Je voulais avoir ce poste avant que L.B n'entre définitivement dans la vie active, avant qu'on ait tous les deux un travail à quitter et à retrouver. Et puis, il y a eu des élections, des promesses, des licenciements, et puis une très/trop longue attente. Et je n'ai pas eu ce travail. J'ai été déçue, tellement. J'ai trouvé ça injuste, et ça m'a blessée. 2ème gros échec en 26ans, et j'y croyais fort, j'étais prête. Ca m'a coupé les ailes.

Je ne peux quitter mon travail qu'à chaque mois de septembre, du coup, si j'avais recherché quelque chose, ça aurait été en avril, et on a pas eu envie. L.B a un boulot à 20min en voiture de la maison, il rentre tôt le soir, on a un super bon rythme pour des habitants de la banlieue parisienne. On a repris le sport tous les deux, au moins deux fois par semaine, et dans tout ça, on a encore du temps en amoureux. On a tout à promixité. Alors cette année, on a décidé de devenir propriétaires, et de rester en région parisienne. Là où on est, en fait. Il n'y a plus qu'à. Faire les papiers, s'endetter 20ans, signer. Donc, a priori, à la rentrée, on sera propriétaires. On a des papillons dans le ventre, et les ailes qui ont repoussées. Et on sera grands ?

On s'est fait cambriolés, et puis on a fait des travaux. En deux ans, il s'en est passé tout de même, des choses jolies et d'autres moches. Le cambriolage m'a fait du mal, m'a fait perdre toutes mes données numériques, m'a fait avoir peur, tout le temps. Les travaux nous ont fait du bien : on a refait la chambre du sol au plafond, on a acheté un grand grand lit, et Wayne en profite pour prendre plus de place. On a mis une grande douche à l'américaine à la place de la baignoire, et Plume en profite pour jouer et mettre de l'eau absolument partout, et moi j'arrive jamais à me fâcher, et je continue de prendre ma douche porte ouverte, avec une furette trempée à mes pieds. Quand on sera propriétaires, on abattra des murs, on refera tous les sols et puis la cuisine. Et ensuite, on s'attaquera au 2ème étage, on mettra une baignoire parce que ça nous manque, quand même des fois.

Ces deux dernières années, j'ai lâché prise. Au lieu de détester chaque parcelle de mon corps, j'ai d'abord cessé de le regarder à la loupe, pour le regarder dans son ensemble. Au lieu de scruter ce que je déteste, j'ai décidé d'ouvrir mes oreilles aux compliments. Ceux de L.B. Ceux de O. Ceux des enfants, tout simplement. Cette maman formidable et très cash aussi, qui m'a dit "vous êtes rayonnante !", un matin, comme ça, où je souriais simplement à la vie. Cette maman capable de te dire que t'as une sale tête aussi hein. Mais pas ce jour là. J'ai décidé que je m'en fous d'avoir pris 2kg en faisant du sport, parce que je rentre dans mes pantalons et dans mes robes Nafn*f. D'ailleurs, la balance est sous un meuble. Cette année, j'ai décidé que j'étais pas juste avec moi même, et que si je rencontrais des nouvelles personnes, elles n'allaient pas me juger sur mon poids. Et que si elles le font, et bien alors, quoi ? Elles se diraient que j'ai des kilos en trop ? Que je mange n'importe quoi ? Si je mange une pizza en public, je dois avoir honte ou ne pas m'étonner de mon corps ? Ou alors simplement, elles ne se diraient rien. Qu'importe. Cette année, j'ai eu 28ans, et j'ai décidé que 18ans à ne pas m'aimer, c'était assez. Cette année, j'ai décidé de sourire quand on me dit que je suis belle. Et de dire "marci".

Voilà, hier Plume a eu 3ans, et en écrivant dans mon petit carnet, je me suis dit que vraiment, j'avais envie de revenir ici.